Je suis très fière de présenter mon premier rapport annuel au Parlement à titre de présidente de la Commission canadienne des droits de la personne. C’est pour moi un immense honneur de diriger une institution nationale de cette importance.

Dès mon entrée en fonction, en mars 2015, il était primordial de connaître et comprendre les attentes des Canadiennes et Canadiens à l’égard de la Commission et les besoins des personnes qui sont victimes de discrimination — ceux et celles qui comptent sur la Commission.

J’ai rencontré des ministres fédéraux, des agents du Parlement, des universitaires, des organisations non gouvernementales, des membres de plusieurs barreaux du pays, des personnes influentes dans des communautés des Premières Nations, des organismes de défense des droits, des employeurs, des commissions de droits de la personne provinciales et territoriales ainsi que plusieurs organismes communautaires qui viennent en aide aux personnes en situation de vulnérabilité. À la fin de 2015, j’avais rencontré des représentants de plus de 65 organisations et des centaines de particuliers de toutes les régions du Canada. Aussi, je voulais tout autant connaître les membres du personnel de la Commission et entendre ce qu’ils avaient à dire.

« Plus que jamais, l’inclusion, l’égalité et le respect doivent nous habiter et faire partie de nos valeurs, de tous les aspects de notre quotidien. »

Toutes les personnes à qui j’ai parlé m’ont exprimé clairement ce que la Commission devait faire pour la protection et la promotion des droits de la personne au Canada. Nous devons être le porte-parole national dans le domaine des droits de la personne au pays et travailler avec nos partenaires pour faire en sorte d’être entendus. Nous devons dénoncer tout ce qui peut menacer les droits de la personne. Nous devons défendre l’intérêt public et agir sans interférence du gouvernement. Nous devons veiller à ce que les Canadiennes et Canadiens en situation de vulnérabilité puissent utiliser la Loi canadienne sur les droits de la personne pour faire respecter leurs droits. Nous avons le devoir d’utiliser tous les pouvoirs que nous donne la Loi, notamment celui de prendre l’initiative d’une plainte au nom des personnes qui ne sont pas en mesure de le faire.

On m’a aussi dit que le seul fait d’agir sans interférence du gouvernement n’était pas suffisant. La Commission doit aussi être perçue comme étant un organisme indépendant, particulièrement aux yeux des personnes en situation de vulnérabilité. Étant donné que la moitié des plaintes reçues interpelle le gouvernement, l’indépendance de la Commission doit être évidente. La confiance est la base d’un système qui fonctionne.

Rencontre après rencontre, j’ai été à même de constater qu’à l’aube de 2016 l’intolérance, les préjugés et la discrimination existent encore. Des milliers de nos concitoyennes et concitoyens sont marginalisés ici même au Canada. Ils sont trop nombreux à être sans voix.

Nous avons assisté à des incidents inquiétants cette année. Une mosquée a été incendiée. Des musulmanes ont été agressées à cause de leurs choix vestimentaires. Des médias ont aboli la section « commentaires » de leur site de nouvelles parce qu’elle était inondée de propos racistes visant les Autochtones.

Une forte proportion de personnes ayant une déficience luttent au quotidien pour faire valoir leur droit à l’égalité. L’isolement cellulaire est encore utilisé par des établissements correctionnels pour maîtriser des détenus ayant des problèmes de santé mentale. Des personnes transgenres subissent encore de la discrimination, de l’hostilité et de la violence même en essayant d’obtenir des services essentiels. Il ne faut pas oublier les communautés des Premières Nations, des Métis et des Inuits qui sont encore durement touchées par des décennies de négligence et d’inégalité dans la prestation des services de base. La réalité des femmes et filles autochtones disparues ou assassinées est une situation qui exige une intervention immédiate.

Nous ne pouvons pas tenir les droits de la personne pour acquis. Ces droits sont pourtant universels et d’une importance capitale dans une société démocratique. J’ai été à même de constater que ces droits qui nous sont chers sont à risque de s’effriter, ici comme ailleurs, si l’on n’y fait pas attention. Plus que jamais, l’inclusion, l’égalité et le respect doivent nous habiter et faire partie de nos valeurs, de tous les aspects de notre quotidien.

On m’a dit compter sur la Commission pour soutenir les victimes de discrimination et promouvoir les droits de la personne au Canada comme étant des valeurs universelles. Messages compris. La Commission, soutenue par une équipe dévouée et mobilisée, a entrepris de changer sa façon de travailler. Tous les membres du personnel veulent être acteurs de changement et faire bouger les choses. Le savoir-faire, l’engagement et la passion de ces gens à l’égard des droits de la personne alimentent la transformation de la Commission. Cette transformation place la personne avant tout pour que nous puissions mieux répondre aux attentes de la population canadienne.

Pendant longtemps, le Canada a eu une réputation de chef de file en matière de droits de la personne. Notre pays a joué un rôle de premier plan au chapitre de la rédaction de conventions et de déclarations d’envergure internationale ayant pour but de protéger les droits de la personne ici comme ailleurs.

Dans l’ensemble, les Canadiennes et les Canadiens sont des personnes altruistes et compatissantes. Toutefois, le Canada a connu une grave érosion des droits de la personne depuis quelques années.

Le silence et l’indifférence nous rendent tous complices des injustices. Nous devons unir nos efforts pour rétablir les valeurs de respect mutuel, de tolérance et de dignité qui ont si longtemps caractérisé notre pays et fait sa richesse. Nous sommes tous et toutes responsables de redonner au Canada son rôle de chef de file mondial en matière de droits de la personne.

Chacun de nous doit se porter à la défense des droits de la personne. Nous devons unir nos voix pour dénoncer la discrimination. Nous sommes riches de nos différences, elles nous font grandir. Il nous faut agir tous ensemble pour être en mesure de dire : mon Canada inclut tout le monde.

Marie-Claude Landry, Ad. E.
Présidente

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